mardi 13 décembre 2011

De l'humilité à l'attaque, ou la préparation de l'excuse de compèt'

Voilà. Bon. 

Je commence et découvre ici le truc à la mode, le blog, la manière de raconter des histoires qui, au final, arriveront peut-être à intéresser quelques uns d'entre vous...
Donc salut à toi, lecteur probablement nocturne et errant sur la toile au hasard, ici ne sont que divagations extraites d'un esprit qui a du mal à décrocher de la chose motarde et de tous ses pendants et penchants, quels qu'ils soient, d'où qu'ils soient... tellement du mal à décrocher qu'il ne semble pas y avoir d'autre solution que de partager cela à l'écrit, essayant de vidanger un trop plein d'idées et d'expériences passées et à venir.

Seulement voilà, je dois confesser qu'à l'instar de nombreux passionnés du deux roues qui n'osent pas se regarder dans la glace, je suis beaucoup moins sectaire dans mon approche de la bécane que j'aurai pu l'être en appartenant à une chapelle "trade mark". J'ai d'abord un faible pour les gros,  voire très gros mais toujours rugueux quatre cylindres Kawasaki... ça, c'est le départ. 

Les youngtimers me parlent. Ces gros là sont d'une trempe particulière, on les appelle 900 Z1, CB 1100, Z1000R, Bol d'Or, CB 750, 900 GPZR, 1000 Rx ......etc. 
Les café-racer de tous poils me hantent...
Les machines à tétines m’excitent 
La Kustom Kulture, la branchitude, sideburn et DicE magazine ne me laissent pas indifférent.

C'est dû, je pense, à mon âge et puis -en toute objectivité hein!- au fait que les moulins injectés n'ont pas réussi encore à me convaincre. Je veux bien concéder que c'est peut-être aussi une question de budget ! 



Tiens ! mon GPZ 1000 Rx, gentiment nommée "Mamie Rx"... vendue depuis peu, à regret évidemment, m'a procuré de vives émotions et pas seulement lorsqu'elle souffrait d'énurésie chronique et répandait son huile sur le parking du boulot. 
J'avais mis près de deux ans pour la reconditionner à fond, à temps perdu. 
Put...n! ce qu'elle marchait bien ! un matin, en partant faire un tour des concess' de Dardilly (les plus accros iront sur google map!) serrer des mains sous les douches et toutes ces sortes de choses généralement caféinées, j'enquille le périph' à froid sur le filet de gaz, avec la bannane sous le casque.



Je monte les rapports - et non pas les rappeurs, qui n'ont rien à voir la dedans- histoire de prendre un peu de vitesse en même temps que le voie de gauche. Ya pas à dire cette bécane est inscrite dans les années 80, avec un empattement de camion, un couple d'enfer et l'impression d'être en sous régime alors que le tachymètre frôle des vitesses à faire verdir le délégué ministériel à la prévention routière... A la Préfecture Lemoëlle !! 
Bref, avec ses roues de 16" et une démultiplication taillées sur mesure pour les autoroutes Teutonnes, j'enquille le périphérique souterrain qui me mène vers ma destination. Tu peux fermer google map, on est à Lyon, mon pote.
Les demi-guidons tombent impecc' sous la main, la position de conduite est  un poil étriquée pour mon mètre quatre vingt douze, mais bien plus supportable que sur un standard actuel. 
Les reposes pieds sont juste énormes et les appuis sont un régal. L'engin est bien équilibré, à l'ancienne, avec légèrement plus de poids sur l'arrière semble-t-il. 
Je broge tranquille sur le sujet (broger est un terme local qui est à mi-chemin entre la réflexion consciente et la rêverie. Tu conviendras qu'en brêle vaut mieux être à ce qu'on fait, mais bon!)
en arrivant sur l'échangeur du Valvert, qui a été tracé un jour au compas et sûrement même avec une rosace en plastique pour les gones car les virages sont à rayon constant et les pifs pafs un régal au point de parfois se payer un tour de plus pour le plaisir.

Donc, j'arrive sur le premier droit avec délectation. 
Cela se passe de la manière suivante, en deux temps. 
Chasse de ton esprit le point de vue de moniteur moto école que je sens peser par dessus mon épaule. Je parle d'expérience là, de ressenti, de sensations, de ce qui nous occupe lorsqu'il faut disserter entre conoisseurs et faire valoir une technique souvent toute personnelle, mais assurément la plus efficace quoi. Ce que j'appelle invariablement "la petite touche racing".

D'abord,  il convient d'évaluer la position des éventuels obstacles qui sont en mouvement et curieusement montés sur quatre roues. Ensuite, tenter de faire entrer ses nouilles, douilles, co... dans le réservoir et visualiser le point d'entrée sur le manège. L'utilisateur averti aura pris soins de choisir de bon rapport de boîte, assorti du régime moteur qui va bien pour préparer la relance.
J'attaque ! débrayage, coup de gaz,rétrogradage,  j'angle et commence à déhancher dans un style très pur personnel. 
Chasse de ton esprit les épingles à la Doohan et le coude par terre de Stoner. Moi je déhanche ce que tout un chacun déhanche en premier, avant le reste, c'est à dire une fesse. Celle qui est à l'intérieur de virage de préférence. Et si mon genoux lèche le bitume, c'est bien parce que je fais une tête de plus que toi, avec les jambes et le quintal qui va avec. Mais je prend mon pied bordel ! et ça personne ne peut revenir dessus.

Je suis maintenant à l'intérieur du virage, au point de corde, selon un angle plus qu'honorable vu que je dois être 40  bornes au dessus de la limite autorisée dans ce secteur. Les bagnoles rapetissent dans le rétro, les seizes soupapes soupapent d'aise, l'échappement quatre en un gros débit "endurance" homonyme d'une célèbre marque de cheminées Française émet un son jouissif et s'apprête à hurler lorsque... quoi ? qu'ouie-je ? j'ai un bruit ?  questionnement instantané gommé direct par l'apparition  de l'origine de la pollution sonore qui agresse péniblement mon moment de quiétude concentrée... on est en train de me faire l'exter ! et avec une machine à coudre en plus ! ça fait le même bruit. Un coup d'oeil à l'équipage en plein effort situé à trois mètre sur ma gauche. 
Il confirme qu'un golden boy cravaté, au guidon d'un élément de salle de bain motorisé (oui un scooter) à trois roues est à l'agonie, il serre les dent et me regarde du coin de son jet en pensant probablement à l'exploit qu'il pourra conter à ses collègues esbaudis devant tant de courage..." les mecs en v'nant j'ai taxé un sportive dans la montée avec mon scoutère!" "nooon !" Pfff !  La cravate à l'équerre, il ne lâche rien.
Sans blagues ! alors que nous sommes de conserve, lui, qui navigue à bâbord, se retrouve de fait à la corde puisque le pif devient paf. Je lui rend donc six ou huit mètres ! 
Pas de grand remède à ce mal là ! le dominant, l'autre mâle quoi, c'est à dire moi, tu suis toi ? pense qu'il faut lui donner une leçon.
Je rentre une glinche, l'aiguille part à l'assaut du compte tours, je finis ma courbe proprement, coupe, redresse, bascule à gauche. Je soude. Mamie n'aime pas être bousculée. Je desserre les jambes pour la laisser protester à loisirs. 
Elle s'ébroue, maltraite l'amorto en faisant mine de se cabrer, le guidon devient léger entre mes mains, l'adrénaline s'insinue doucement dans ma carcasse...
Le Devil déchire l'air, je rentre la tête et ma fesse gauche (un instant déhanchée elle aussi) redresse et, le cul comme dans un élastique géant, frise les moustaches de l'impertinent scotèriste ! le déplacement d'air est puissant et je crois bien avoir vu sa cravate à l'équerre, mais dans l'autre sens l'espace d'un instant !
J'arrive enfin,  stoppe et béquille. Les clic du moulins qui refroidi sont à peine perceptibles, Mamie Rx est à peine chaude !


Eh ! les copains! vous savez quoi ? je viens de taxer un mec gonflé en scoot' non mais !on est sur une aut' planète ou quoi ?



5 commentaires:

  1. Enfin tu te mets à écrire. Ta construction d'un blog est remarquable et j'en suis fière. Je serais la première fan(e) à te lire. C'est très détaillé, construit et intéressant quand on fait partie du monde des motards. Moi je suis ta compagne et je sais de quoi je parle. En tout cas, je trouve que c'est un très bon début de blog et je suis certaine que tu auras beaucoup de succès et de commentaires. Car je sais que tu les attends avec impatience, alors compte sur moi. Tchème

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  2. Mouahahahahah !!!!

    je rejoins là le commentaire de ta compagne... cela aurait été bien dommage de ne pas faire profiter le bon peuple (qu'il soit motard ou pas) de cette jouissive prose !!!! Effectivement, l'accroche du blog est la meilleure qui soit... je m'y suis vu..; complètement !!! je riais silencieusement devant mon PC!!!!
    Nous avons bien des points communs... le goût des gros 4 pattes (Kawa si possible mais je ne suis pas sectaire), le peu d'appétence pour l'injection... ce coté "resté bloqué dans les années 70-80" et ce plaisir à se foutre de notre propre gueule, ce qui devient rare de nos jours...
    Cela m'a rappelé le jour où, en position limande sur ma 125 Honda Twin (je suis de l'époque du permis Al), je me suis fait probrement déposer par deux joyeux campagnards sur une "bleue"... oui, tu as bien lu, une vulgaire 88 qui ne devait pas carburer au mélange de la station du coin...

    merci

    Pierre

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  3. Merci Pierre, je n'avais pas relu cet article depuis belle lurette ! je me suis effectivement bien amusé à relater cette anecdote.
    ...Oh, je crois me rappeler qu'une "bleue" bien tapée est capable de prouesses inavouables !

    ;-)

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  4. Merci pour ta prose l'ami !!! Je descends du singe mais aussi du ZL 1000 Eliminator (que je fus obligé de vendre il y a un an et demie).
    Je me demande en ce moment si je ne pourrais pas rejoindre l'Evolution en marche sur une GPZ 1000 RX et...je tombe sur ton blog ! Merci pour ta passion et ton essorage de plume : je vais aller en chevaucher une pour voir si le moteur délivre les mêmes sensations que sur l'Eliminator (en plus puissant, je crois!).

    Yann

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  5. Mais de rien ! merci à toi.
    Je connais un peu le ZL1000 Eliminator, un de mes potes en conserve un jalousement. Entièrement d'origine et peu kilométré, je lui piquerai un de ses jours pour en parler ici ;-)
    Tu prendras un gros pied avec le GPZ1000RX, c'est sûr !
    A bientôt, avec plaisir !

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